C’est un atelier d’expérimentations sonores à partir de la poésie dans toutes ses diversités qui a 20 ans : de la poésie contemporaine française et étrangère, mais aussi des textes apportés ou écrits par les participant.es. Il s’adresse à tous les publics, en particulier avec des personnes en apprentissage du français langue étrangère.
L’atelier est un lieu d’échanges et de savoirs : Il s’agit de lire à plusieurs, de s’enregistrer, de partager les rencontres, les sourires, les peurs, les rires, les voix, les murmures, les étonnements. Tout au long de l’atelier, il y a cette volonté de faire corps ensemble, faire corps à travers la musique des langues avec les différences de chacun.
L’atelier Lecture(s) de bouche(s) a reçu le Coup de Coeur de l’Académie Charles Cros 2014 pour LUCA BABEL ! CD audio, poèmes de Ghérasim Luca.
L’Amour Noir, création radiophonique, France Culture, 2008
Je vous invite à redécouvrir l’Amour noir, une émission que j’avais proposée à France Culture, réalisation Marguerite Gateau, en 2008, d’un montage de lectures de poésies de Ghérasim Luca lus par les personnes en apprentissage du français langue étrangère de l’atelier lecture(s) de bouche(s) et des comédiens professionnels.
Il a été sélectionné au Prix Europa en 2009.
https://www.radiofrance.fr/…/l-ate…/l-amour-noir-2988221
En préparant l’émission, j’ai trouvé aux archives de l’INA en 2008 ces mots de Luca, qui résonnent fortement avec ce qui se joue toujours dans l’atelier lecture(s) de bouche(s).
« En tant que mot lancé dans l’espace, je ne sens pas le besoin de le décrypter et de le justifier même si je peux jeter des lumières sur son apparition. La façon dont je vois et je sens que si je parle de ce poème, je l’appauvris. Pour moi c’est une tentative de prononcer un mot et si on prononce un mot avec son corps, si on prononce viscéralement au lieu de le prononcer uniquement au bout des lèvres dans une fonction du mot, dans une phrase en fin où il a une fonction subalterne finalement parce qu’il est là pour servir à formuler une pensée, une idée. Or ce mot est lissé dans son existence matérielle et le passage d’une syllabe à l’autre ouvre des labyrinthes enfin, je suis persuadé que si on prononce vraiment un mot, on dit le monde, on dit tous les mots. Si on essaye de faire corps avec le mot alors on fait corps avec le monde et on sert tout son pouvoir d’explosion et le mot est une vibration solidifiée finalement, il est dans un état d’esclavage par définition parce qu’il est cristallisé dans un concept. Mais si on le sort de sa forme et de sa condition de mot, sa condition limitée à ce qu’il est enfin, le mot est comme un être, enfin, qui est enfermé dans sa condition humaine et qui est ce qu’il est. »
Ghérasim Luca, France Culture, 1977.
Ghérasim Luca, né à Bucarest le 10 juillet 1913 et mort à Boulogne-Billancourt le 6 mars 1994, est un poète d’origine roumaine dont la majeure partie de l’œuvre a été publiée en français.