L’Amour Noir

2008. L’Amour noir.

gherasim

Une émission proposée par Patrick Fontana Réalisation : Marguerite Gateau,
1ère diffusion en 2008.

En écoute en ligne sur le site de France Culture

A travers un choix de textes et poèmes tirés de « Théâtre de Bouche », « Paralipomènes », « Héros-limite », « Levée d’écrou » et « La Mort morte », c’est bien des mots qu’il s’agit d’arracher aux bouches, de tenter de nous donner une nouvelle fois toute la contemporanéité de la poésie de Ghérasim Luca.

C’est l’irruption d’une double rencontre qui constitue le coeur de l’Amour noir : celle de Patrick Fontana avec un groupe de personnes suivant son atelier de lectures enregistrées à l’atelier formation de base d’Emmaüs à Paris et celle de la réalisatrice Marguerite Gateau avec ces personnes qui entrent par effraction dans les poèmes.

avec : Dominique Valadié, Andréa Schieffer, Miglen Mirtchev, Juliette Heymann, Simona Maicanescu, Mohamed Rouabhi, Hala Alabdalla, Gilbert Lascault et Patrick Fontana

Bruitages : Sophie Bissantz
Prise de son, montage et mixage : Claire Levasseur et Sébastien Labarre
Assistant à la réalisation : Emmanuel Vignais

Lors de la préparation de la pièce radiophonique L’Amour Noir (2008) j’ai trouvé aux archives de l’INA ce passage de Luca, qui résonne fortement avec cet atelier d’apprentissage de langue française, langue étrangère :
« En tant que mot lancé dans l’espace, je ne sens pas le besoin de le décrypter et de le justifier même si je peux jeter des lumières sur son apparition. La façon dont je vois et je sens que si je parle de ce poème, je l’appauvris. Pour moi c’est une tentative de prononcer un mot et si on prononce un mot avec son corps, si on prononce viscéralement au lieu de le prononcer uniquement au bout des lèvres dans une fonction du mot, dans une phrase en fin où il a une fonction subalterne finalement parce qu’il est là pour servir à formuler une pensée, une idée. Or ce mot est lissé dans son existence matérielle et le passage d’une syllabe à l’autre ouvre des labyrinthes enfin, je suis persuadé que si on prononce vraiment un mot, on dit le monde, on dit tous les mots. Si on essaye de faire corps avec le mot alors on fait corps avec le monde et on sert tout son pouvoir d’explosion et le mot est une vibration solidifiée finalement, il est dans un état d’esclavage par définition parce qu’il est cristallisé dans un concept. Mais si on le sort de sa forme et de sa condition de mot, sa condition limitée à ce qu’il est enfin, le mot est comme un être, enfin, qui est enfermé dans sa condition humaine et qui est ce qu’il est. »

Ghérasim Luca, France Culture, 1977.

Nathalie Nambbot, vidéo-performance Lecture(s) de bouche(s)